En dépit de la suppression en France des pailles en plastique au sein des équipements municipaux de la Ville de Paris, la lutte pour débarrasser les océans du plastique, et le globe de façon générale n’a pas quitté les préoccupations des défenseurs de la nature en France. Preuve en est : une proposition de loi visant la suppression des bouteilles en plastique a été soumise en juillet dernier. Zoom sur cette initiative et sur sa faisabilité.
Les objectifs de la proposition pour supprimer la bouteille en plastique
La suppression progressive des bouteilles en plastique a effectivement été proposée le 25 juillet 2018 à l’Assemblée Nationale par le député LR des Yvelines, Michel Vialay. Le principe ? intégrer une contribution au prix unitaire de chaque bouteille dans constituer un fonds d’investissement ayant pour but d’accompagner les entreprises concernées dans leur transition industrielle d’ici à 2020 selon l’article 1 de la loi déposée. L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) pourrait par la suite bénéficier de ce fonds. La loi prévoit par ailleurs une augmentation du tarif des cotisations en 2020 et 2030, afin que le prix unitaire des bouteilles en plastique atteigne au final celui des bouteilles en verre.
Ce projet de loi a donc trois objectifs principaux :
- Inclure, dans le prix unitaire de chaque bouteille en plastique, une contribution spéciale. A l’inverse, les entreprises n’ayant pas souhaité participer à ce programme seraient obligées de régler une contribution progressive entre 2021 et 2025. Cette contribution, qui s’apparente sommes toutes à une pénalité, aurait pour but d’aider les collectivités territoriales à régler leurs frais de gestion et de collecte des déchets plastiques. La finalité ? atteindre qu’une bouteille en plastique atteigne le même prix que celui d’une bouteille en verre de contenance égale ;
- Puis, inciter les entreprises à participer à la transition du plastique vers le verre en “gelant” leur contribution spéciale ;
- Enfin, développer le réseau des systèmes de récupération des consignes de bouteilles en verre.
État des lieux des bouteilles en plastique en France et ailleurs en Europe
De nos jours, en France, seule une bouteille sur dix est recyclée. Le système de la consigne serait donc la meilleure solution pour encourager les Français à collecter leurs bouteilles en plastique et à les déposer dans des conteneurs spéciaux, en échange de quoi ils pourraient récupérer leur consigne. A contrario, en Norvège, la consigne fonctionne depuis de nombreuses années déjà, permettant de soulever un bilan positif : 96 % des bouteilles de bière et de boissons gazéifiées vendues dans le commerce sont rendues aux distributeurs. En France, dans les établissements du secteur Café, Hôtels, Restaurants (CHR), 40% des bouteilles en verre sont récupérées grâce au système de la consigne. La dichotomie est donc intéressante et permet de mettre en lumière un écart que ce projet de loi permettrait de réduire drastiquement.
Si les bouteilles en plastique sont à bannir, l’heure est donc aux bouteilles en verre qui peuvent être utilisées encore et encore, plusieurs dizaines de fois, ce qui permettrait d’endiguer l’utilisation de bouteilles en plastique. Le process des consignes pour les bouteilles en plastique est appliqué en Allemagne depuis 2003 et a largement fait ses preuves, car désormais, 90% de leurs bouteilles en plastiques (et des canettes, dans le cas allemand) sont collectées et recyclées.
Pourquoi faut-il préférer le verre au plastique ?
Tout d’abord, il faut savoir que la fabrication du verre ne nécessite aucune matière pétrolière, à la différence du plastique, notamment les bouteilles en plastique. Ensuite, il est nécessaire de souligner le fait qu’à l’inverse du plastique, le verre peut être utilisé jusqu’à 50 fois, et que lessiver les bouteilles en verre consomme beaucoup moins d’énergies. Réutiliser une bouteille en verre est moins énergivore que de la recycler, alors bien plus que le recyclage des bouteilles en verre, il faut d’abord anticiper leur réutilisation ! Le recyclage est la dernière vie accordée aux bouteilles en verre, mais il reste toutefois plus facile à prévoir que celui des bouteilles en plastique, qui est très difficile à gérer du fait que certains plastiques ne soient pas recyclables et qu’ils ne permettent pas d’être mélangés. Pour cette raison, malgré les consignes de tri sélectif et les efforts consentis pour recycler les bouteilles en plastique, seuls 10% des emballages plastiques sont recyclés à travers le monde.
Quels changements pour les Français ?
L’évolution fondamentale pour les ménages français sera d’ordre pécuniaire : en effet, les foyers de France verront surtout la différence sur le ticket de caisse. Entre 2020 et 2030, si le prix des bouteilles en plastique tend à atteindre le prix des bouteilles en verre, ils n’auront plus aucune raison de préférer le plastique au verre.
Les contribuables français verront ensuite la différence du point de vue du règlement de leurs charges car les collectivités locales pourront réduire la taxe d’enlèvement des ordures ménagères du fait de la réduction des déchets.
Les nouveaux systèmes de filtres à eaux permettent également à un foyer de privilégier l’eau du robinet plutôt que d’acheter régulièrement des bouteilles.
Enfin, il s’agit également de sensibiliser les Français au développement écologique en leur faisant prendre conscience que le plastique représente de nos jours l’équivalent d’un septième continent qui étouffe notre planète depuis trop longtemps.