Depuis les années 70, force est de constater que le plastique est omniprésent dans notre vie sous plusieurs formes : dans notre alimentation, dans nos vêtements, nos chaussures, nos accessoires, nos appareils d’électroménager et de hifi, dans nos bâtiments… Difficile de passer une journée sans le côtoyer. Pourtant, il existe des astuces applicables par tout un chacun pour réduire notre consommation de plastique. Cette ambition de réduction du plastique, et par extension de nos détritus, est au cœur du challenge Zéro Déchet : achat en vrac avec des sacs réutilisables, mode écoresponsable, fabrication maison de produits d’entretien font partie des alternatives à adopter au quotidien pour réduire nos déchets. Voyons dans un premier temps le principe du Zéro Déchet, puis une mini to-do liste à suivre afin de le mettre en place.
Zéro déchet : explications
Avec l’avènement de la production du plastique au début des années 70 est également né un mouvement à la marge de hippies et d’anti-consuméristes qui ont rejeté en masse le plastique et qui s’efforçaient à leur niveau de vivre sans. Plus tard, dans les années 90, une nouvelle prise de conscience a émergé au sein de communautés anti-gaspi mais ce n’est qu’à partir des années 2000 que le mouvement s’accélère et que des associations et autres collectifs voient le jour pour réduire la production et la consommation de plastique. D’un point de vue holistique, c’est la production des déchets qui est dans le viseur des “militants”. En 2013, le mouvement n’est plus un mode de vie parallèle instauré par des survivants de Woodstock : la publication du livre “Zero Waste” de Béa Johnson, autrice américaine d’origine française, marque un tournant dans l’histoire du zéro déchet. Dans son ouvrage, elle y explique comment sa famille de 4 personnes a réussi à ne produire qu’un litre de déchets par an.
Depuis la parution de ce témoignage, les actions Zéro Déchet ont envahi la toile et les engagements se concrétisent à tous les niveaux. Les industries, les commerces, les gouvernements, les ménages adaptent leur consommation petit à petit pour tendre vers un minimalisme collectif.
Pourquoi adopter le zéro déchet ?
La marge de manœuvre est cependant encore large pour que le Zéro Déchet soit pleinement atteint, car les chiffres portant sur la production des déchets au cours des dernières années sont encore abyssaux : selon une étude de l’ADEME publiée par le Centre National d’Information Indépendante sur les Déchets “Chaque année en France, un habitant produit 354 kg d’ordures ménagères.” A ce chiffre, il faut ajouter les déchets professionnels qui représentent la majeure partie des déchets produits. En additionnant les déchets du bâtiment, de la construction des industries, de l’agriculture etc… le poids des déchets produits s’élève à 13,8 tonnes par habitant et par an en France. Sans compter l’impact écologique du traitement de nos déchets…
Le Zéro Déchet apparaît alors comme un super-héros volant au secours de nos vies ensevelies sous les déchets : entre 2007 et début 2021, l’Agence de la Transition Écologique a enregistré un recul de 4,6% des déchets produits par habitant grâce aux campagnes de prévention et de sensibilisation, à la réutilisation, à la réparation et au réemploi. Le recyclage et la revalorisation énergétique gagnent du terrain, tandis que le taux d’enfouissement diminue.
Le principe du Zéro Déchet n’est pas d’arrêter de consommer, mais de consommer plus raisonnablement, à moindre échelle, afin de se concentrer sur l’essentiel et non le superflu. L’objectif à court terme est de réduire la consommation des déchets ; l’objectif à moyen terme est de ne plus produire de déchets et, pour finir, l’objectif à long terme est de préserver notre écosystème et notre planète pour ne plus retrouver de bouteilles en plastique dans le gosier des goélands d’ici une centaine d’années !
Pour ce faire, retrouvez 10 astuces minimalistes à appliquer au jour le jour : faciles et rapides, elles sont pourtant essentielles pour réduire nos déchets. Consommation locale, circuits courts, réutilisation, ateliers de fabrication maison… Le Zéro Déchet sera bientôt un compagnon de vie indispensable pour toute la famille !
Les 10 astuces zéro déchet à adopter
#1 – Acheter en vrac
Les boutiques de vrac fleurissent ci et là dans les grandes villes et sur internet : on y retrouve des produits secs (épicerie salée et sucrée), des produits frais, des produits d’entretien au litre… un vaste choix de références pour garnir votre réfrigérateur et vos placards sans générer de déchets !
#2 – Préférer les sacs réutilisables et éviter les emballages excessifs
Véritable fléau pour l’environnement, le sac plastique fait partie des premiers “persona non grata” dans la ligne de mire du principe Zéro Déchet. Que vous fassiez vos courses dans une épicerie en vrac ou dans un supermarché, prévoyez un panier en osier ou des filets à provision, des petits sachets en lin pour les légumes et les fruits ou encore un tote bag. L’idée étant de ne pas collectionner les sacs réutilisables mais d’en avoir un nombre raisonnable selon vos besoins.
#3 – Utiliser des récipients en verre ou en acier inoxydable
Maintenant que vous avez fait vos courses dans une épicerie en vrac avec un sac en coton bio, où ranger vos articles ? Pas dans des tupperwares en plastique, pardi ! Dans des bocaux en verre ou en acier inoxydable. Ils conserveront vos aliments et vos produits sans en altérer le goût ni les propriétés. Faciles à laver et à stocker, ils remplaceront aisément vos boîtes en plastique partout dans la maison.
#4 – Privilégier l’eau du robinet et utiliser une gourde
Après les sacs en plastique, les bouteilles plastique sont sur le podium des déchets jetables à éviter à tout prix. Si vous avez eu la bonne idée de réutiliser votre bouteille pour éviter de la jeter, ce n’est pourtant pas la meilleure solution pour votre santé. En effet, une bouteille en plastique, quand elle est réutilisée, est un véritable nid à bactéries. Entre le capuchon que l’on dévisse avec des mains fréquemment sales et les bactéries que l’on dépose sur le goulot à chaque utilisation, la bouteille en plastique devient un danger pour notre santé. Alors, plutôt que de multiplier les bouteilles en plastique pour rester en forme, passez aux gourdes ! Quand par ailleurs on sait :
- que l’eau en bouteille peut être 100 fois plus chère que l’eau du robinet ;
- que le marché de la bouteille plastique représente environ 100 milliards d’euros ;
- qu’il faut 100 ml de pétrole pour une bouteille de 2 litres ;
- qu’il faut 1 000 ans à une bouteille en plastique pour se dégrader dans la nature ;
- que les Français consomment en moyenne 25 millions de bouteilles en plastique par jour…
Le choix du passage à la gourde s’impose vite comme une évidence ! En inox, en céramique, en aluminium, en verre… Les gourdes vous accompagnent au travail, à la maison, au sport, en voyage. Et si vous souhaitez purifier et filtrer l’eau du robinet, il existe des solutions telles que les graines de moringa, le charbon actif ou encore les billes de céramique. Autre solution pour éviter les bouteilles en plastique : les bouteilles en lin, en algues ou encore en sucre de canne ! Les alternatives sont nombreuses, économiques et écologiques alors passons le cap !
#5 – Éviter les rasoirs et brosses à dents jetables
Le Zéro Déchet s’invite dans votre cuisine, à votre bureau mais aussi dans votre salle de bains ! En effet, pour réduire ses déchets l’idéal est d’éviter d’utiliser des brosses à dents jetables et des rasoirs à usage unique. Hommes et femmes, passez à un rasage et une bouche zéro déchet !
Commençons par les rasoirs jetables.
20 000 tonnes : en France c’est le poids annuel que représentent les déchets des lames, des manches, des aérosols, des emballages. Surtout que ces rasoirs à usage limité sont eux aussi des nids à bactéries et qu’ils présentent des dangers pour votre peau.
Messieurs, mesdames : plutôt que de saigner nos portefeuilles et de mettre notre danger en péril avec des lames contaminées par des microbes, investissez dans des rasoirs de sûreté composés d’acier inoxydable. Comme vos grands-pères à l’époque, rasez-vous avec un rasoir durable, écologique et économique avec un savon à raser plutôt qu’avec une mousse. Il existe différents types de rasoirs de sécurité, selon la longueur du manche, selon le nombre de lames, selon le type de tête. Quelle que soit la zone à raser, vous trouverez votre bonheur parmi la vaste offre du marché du rasoir, sans risquer de vous trancher la gorge ou le reste pour autant. Et si vous êtes un expert du rasage, vous pouvez également envisager d’utiliser un coupe-chou, comme les barbiers professionnels ! Si en revanche vous êtes peu expérimenté en rasage et que les lames vous font peur, vous pouvez toujours utiliser des rasoirs électriques.
Venons-en aux brosses à dents jetables :
4,9 milliards : c’est le nombre de brosses à dents non biodégradables que l’on retrouve tous les ans dans les écosystèmes marins. Prises dans les courants, les brosses à dents finissent parfois par être absorbées par des animaux… Sans parler des matériaux nécessaires à leur production et leur distribution qui représentent 50% de l’empreinte écologique des brosses à dents en plastique. La faute au nylon et au propylène !
En bambou ou en en siwak, 100% recyclables et écologiques, les alternatives aux brosses à dents en plastique sont nombreuses pour avoir une salle de bains zéro déchet car à la fois le manche et les poils sont biodégradables sur cette nouvelle génération de brosses à dents. On trouve également des brosses à dents rechargeables : avec leur tête amovible, ces brosses à dents sont composées de 70% de matières végétales et limitent notre consommation de plastique. Surtout que les marques vous envoient des enveloppes pré-affranchies pour retourner les têtes et les manches afin qu’ils soient réutilisés ou recyclés en interne.
#6 – Une garde robe écoresponsable
Bon à savoir : l’industrie de la mode est le deuxième secteur mondial le plus polluant, derrière le business des avions et des hydrocarbures. L’impact environnemental de l’industrie du textile est vertigineux ! C’est pourquoi il devient urgent d’adopter une consommation raisonnée de nos vêtements. Recycler plutôt que de jeter, donner ou échanger font partie des initiatives entreprises par de plus en plus de foyers français pour donner une seconde vie aux vêtements qu’ils ne portent plus.
1,7 milliard de tonnes de CO2 par an : c’est le poids des émissions mondiales de gaz à effet de serre produites par l’industrie textile. Tandis que la demande relative aux vêtements est en croissance exponentielle (102 millions de tonnes de vêtements nécessaires en 2030 selon les prévisions de WWF), les marques tentent de réformer leurs processus de production pour réduire leur consommation d’eau, leurs émissions de microplastiques et, de façon plus globale, leur impact sur la planète.
Les consommateurs, à leur niveau, ont également plusieurs solutions flexibles et simples à adopter telles que les vêtements éthiques et éco-responsables conçus dans des matières biologiques, naturelles et/ou recyclées, fabriqués en France ou en tout cas en Europe dans des usines bien particulières. Et quand un vêtement ne vous plait plus, que vous ne le portez plus ou qu’il présente un léger défaut, vous pouvez toujours le vendre, le donner ou l’échanger sur des plateformes dédiées.
Pour avoir une garde-robe écoresponsable, il suffit d’appliquer quelques règles de vie comme :
- Le partage de dressing avec sa famille et des ami.es ;
- Le refus des achats compulsifs et des pièces à porter à des occasions spéciales qui resteront dans notre placard ;
- La réparation et le rafistolage de pièces abîmées par la machine à laver, par des mites etc. ;
- Le choix de nos vêtements : fuir la fast fashion conçue au Bangladesh dont les transports intercontinentaux génèrent du CO2 et miser sur des articles fabriqués au moins en Europe dans des usines certifiées et avec des matières nobles.
Si l’investissement initial peut être plus onéreux (et encore…), les vêtements éco-responsables dureront plus longtemps et produiront moins de déchets !
#7 – Supprimer le plastique de la salle de bain
Nous en parlions plus haut avec les rasoirs et les brosses à dents : le plastique est partout dans notre salle de bain. Shampoings, gels douche, savons liquides, dentifrices, cotons tiges, crèmes hydratantes, masques cheveux et soins visage… tous ces produits sont contenus dans des flacons ou des emballages plastiques.
Pour réduire la présence du plastique dans notre salle de bains et, de ce fait, avoir une consommation plus pérenne et plus raisonnée, privilégions les dentifrices solides, les shampoings et savons solides, les oriculi plutôt que les cotons tiges, les cotons réutilisables plutôt qu’à usage unique, les huiles végétales plutôt que les après-shampoings. Vous pouvez même choisir de fabriquer vous-même vos propres soins à l’aide d’ingrédients naturels, écologiques, biodégradables et zéro déchet.
#8 – Protections hygiéniques et lingettes démaquillantes réutilisables
Si le syndrome du choc toxique menstruel (SCT) a sensibilisé les femmes sur l’utilisation des tampons et des cups menstruelles, les serviettes hygiéniques quant à elles n’ont pas été directement ciblées. Il convient néanmoins de rappeler que tampons et serviettes reçoivent un traitement chimique, qu’ils sont fabriqués à partir de matières synthétiques et qu’ils sont souvent composés de colles, de colorants et de parfums. Les tampons sont composés de coton avec des ficelles en plastique, encapsulés dans des applicateurs en plastique, eux-mêmes protégés par des emballages en plastique. Les serviettes de leur côté sont quasi intégralement composées de plastique, de la partie absorbante à l’emballage. Qu’ils soient jetés à la poubelle ou dans les toilettes, les tampons polluent notre planète de leur fabrication à leur distribution en passant par leurs déchets. Les cups
L’impact sur la santé des femmes est également un critère à prendre en compte, car le SCT lié aux règles a été constaté sur des milliers de femmes atteintes de staphylocoque doré en raison d’une toxine nocive présente dans les protections. Alors, pour réduire l’impact écologique et économique des protections à usage unique et surtout pour protéger la santé des femmes, il est recommandé d’utiliser des culottes menstruelles en coton. Adaptées au flux des femmes et à leurs menstruations, les culottes de règles sont la meilleure solution ; ou encore les serviettes hygiéniques lavables. Confortables, saines, écologiques, ces protections sont sans danger pour votre santé et ne présentent pas de risque de fuites. S’il existe également des cups menstruelles sans plastique, leur utilisation reste déconseillée comme précisé plus haut pour éviter le SCT.
#9 – Éviter les capsules et privilégier une cafetière à piston et une boule à thé
Le secteur du café et du thé engendrent une pollution phénoménale à l’échelle internationale. Entre la production des capsules et des sachets, leur acheminement et les déchets provoqués, le marché des dosettes (dont la consommation avoisine les 10 milliards d’unités par an soit 40 000 tonnes de déchets d’aluminium) est une calamité environnementale. Le recyclage des dosettes en aluminium et des capsules n’étant pas maîtrisé, ni par les marques ni par les consommateurs, les déchets de nos cafés et de nos thés s’amoncellent tandis que des alternatives économiques et écologiques existent pour endiguer ce phénomène.
En premier lieu, on peut choisir les dosettes biodégradables et/ou compostables que l’on jette dans notre composteur de balcon. Notre choix peut également se porter sur des capsules bio, sans aluminium, produites à l’énergie verte et conçues avec 60% environ de matières recyclées ! La solution optimale est évidemment de mettre de côté les machines à café et d’utiliser plutôt des cafetières à piston ou des machines à expresso avec du café grain ou moulu acheté chez un torréfacteur.
Et si vous le pouvez, testez le café d’orge, le café d’épeautre, le café de sarrasin ou encore la chicorée dont les productions ont un impact environnemental moins élevé que les grains de cacao !
#10 – Fabriquer vos propres produits ménagers
Une fois que votre salle de bains sera zéro déchet, vous pouvez attaquer le chantier de la buanderie, ou en tout cas des produits ménagers. En effet, tous nos détergents sont contenus dans des flacons en plastique, de la javel à la lessive en passant par la crème à récurer ou encore le gel WC. Leur production, leur transport et leur composition nécessitent l’intervention du plastique et de produits chimiques.
Pour faire le ménage sans générer de déchets, la principale solution est que vous puissiez fabriquer vous-même vos produits d’entretien à l’aide d’ingrédients naturels et écologiques. Avec du bicarbonate de soude, des huiles essentielles (tea tree, menthe poivrée), du savon liquide, du citron et du vinaigre blanc vous pouvez prendre soin de votre intérieur, de façon naturelle, écologique et surtout, économique ! Car les produits d’entretien, si nous ne l’avons pas précisé, représentent un gouffre financier pour notre budget.
Vous pouvez également miser sur des pinces à linge en bois plutôt qu’en plastique, bannir les pods de lessive, acheter de la lessive en vrac si vous ne pouvez pas la fabriquer… En nettoyant votre foyer avec des produits naturels et faits maison, vous allez pouvoir réduire vos déchets de façon drastique !
Règles des 5 R
Ces 10 astuces visant à réduire votre consommation de plastique s’intègre dans une réflexion de vie plus globale, qui se résume grâce à la règle des “5R” créée par Béa Johnson :
- Refuser
- Réduire
- Réutiliser
- Recycler
- Rot (=“composter” en anglais)
La surproduction, le matraquage marketing, les habitudes de consommation sont amenés à être chamboulés dans les années à venir avec l’avènement du Zéro Déchet. Petits et grands, à notre niveau, modifions nos modes de vie pour réduire le plastique et pour préserver notre planète !